Transfert des apprentissages

Introduction et balises

Le transfert des apprentissages en sciences est souvent considéré comme le niveau de plus haut d’acquisition de savoirs, savoir-faire et compétences en sciences. En effet, nombreux sont les enseignants qui considèrent qu’un point de matière est maitrisé à condition de pouvoir réinvestir dans un contexte donné, des connaissances construites dans un autre contexte. De manière plus générale, on estime que c’est ce transfert qui permet aux apprenants de pouvoir poser des choix raisonnés sur des sujets scientifiques et technologiques en tant que futurs citoyens éclairés. Il parait donc nécessaire de questionner ce « transfert des apprentissages » pour savoir comment le favoriser, le travailler avec les apprenants, mais également l’évaluer.

On mentionne souvent le « transfert des apprentissages » comme un objectif de l’école. Pourtant, il semblerait que cette institution considère le transfert comme automatique et ne ferait rien de systématique ni de constant pour développer cette capacité de transfert des apprenants (Forcier et Goulet, 1996 [i]). Pourtant, de nombreux auteurs s’accordent sur le fait que le transfert n’est pas un processus spontané (Perkins et Salomon 1992, Forcier et Goulet 1996 [i], Joanis 2016 [ii], Anderson et Beavis 2018). En plus de ces discussions sur sa prétendue spontanéité, le transfert est au centre de nombreuses controverses, que ce soit en lien avec l’appellation en tant que telle (doit-on parler de transfert de connaissances ? de transfert des apprentissages ? ou simplement de transfert ?), de l’importance de cette notion ou encore de la possibilité de développer la capacité de transfert des apprenants (Perrenoud 1997, Anderson et Beavis 2018). Ajoutons à cela que le transfert a été étudié au prisme de nombreux champs de recherches, lui attribuant chacun une définition et des caractéristiques particulières.

Dans le présent cadre, nous avons choisi de reprendre la définition de Joanis (2016) [ii] qui désigne le transfert comme « une réutilisation adéquate, dans un nouveau contexte, de connaissances qui ont été acquises antérieurement ». Une caractéristique de ce processus est notamment que le contexte d’application diffère du contexte d’apprentissage (Perkins et Salomon, 1992). Ces mêmes auteurs circonscrivent plus précisément la notion de transfert en précisant qu’il peut être :

  • positif quand l’apprentissage d’une connaissance facilite l’apprentissage d’autres connaissances ;
  • négatif quand l’apprentissage d’une connaissance interfère dans l’apprentissage d’autres connaissances. Ils précisent toutefois que les difficultés induites par un transfert négatif sont rapidement dépassées par les apprenants.

Perkins et Salomons (1992) distinguent également le transfert « proche » (near transfer) du transfert « lointain » (far transfer). Un transfert « proche » se ferait lorsque le contexte d’apprentissage et celui d’application sont similaires. Le transfert « lointain », en revanche, aurait lieu quand les contextes d’apprentissage et d’application ne présentent que peu de similitudes. Notons toutefois que ces auteurs ne définissent pas d’unité « d’éloignement » (closeness) pour savoir dans quel type de transfert on se trouve.

Dans un contexte où les transferts sont rares et où la majorité de ceux-ci sont « proches », et en reconnaissant le paradoxe que représente le fait d’espérer qu’un apprentissage dans un contexte donné pourra impacter d’autres contextes, quelques pistes et facteurs influençant le transfert ont été avancés par certains auteurs (Perkins et Salomon 1992, Forcier et Goulet 1996 [i], Joanis 2016 [ii], Anderson et Beavis 2018).


Entrées faciles

La capsule de Forcier et Goulet (1996) [i] permet d’avoir un premier aperçu de la notion du transfert en résumant certaines idées d’articles présents dans la partie « écrits scientifiques ». Ce document présente notamment les liens possibles entre le transfert et les compétences ainsi que des éléments favorisant le transfert chez les apprenants.


Ecrits scientifiques

La littérature liée au transfert des apprentissages étant très fournie, notamment en raison des nombreux champs s’y intéressant, nous ne proposerons ici que quelques ressources ouvrant sur une littérature plus complète. Nous avons donc choisi de retenir :

L’article de Joanis (2016) [ii] qui présente une recherche portant sur la perception des étudiants concernant des stratégies pédagogiques (Joanis, 2015). Le public de cette étude sont des étudiants du programme de Sciences humaines du Cégep de l’Outaouais.

L’article de Perkins et Salomon (1992) qui se place comme grand fondement de la littérature en lien avec le transfert des apprentissages. Les auteurs y abordent notamment les éléments conditionnant le transfert ainsi que les mécanismes psychologiques mobilisés par le transfert.

L’article de Taktek (2017) dans lequel est réalisée une méta-analyse (ou anasynthèse) de la littérature visant à réaliser une analyse conceptuelle du transfert des apprentissages, mais également de proposer des perspectives d’interventions pédagogiques favorisant la capacité de transfert des apprenants.

L’article d’Anderson et Beavis (2018) qui est également une revue de la littérature portant sur le transfert des apprentissages, mais principalement des écrits anglophones.

Le chapitre 3.1 du livre écrit par Patrice Potvin, Martin Riopel et Steve Masson en 2007 qui présente une manière de transférer des apprentissages entre le cours de mathématiques et le cours de sciences, en abordant également les avantages de l’interdisciplinarité et du décloisonnement des disciplines.

L’article de Barnett et Ceci (2002) qui aborde notamment l’évaluation du transfert des apprentissages avec la définition de 9 dimensions auxquelles confronter ces transferts.


Pistes de réflexion pour les TFE et mémoires

  • Interroger les stratégies pédagogiques mises en place par les enseignants favorisant le transfert des apprentissages ;
  • Questionner cette idée de « closeness » qui distingue un transfert proche d’un transfert lointain.

[i] Forcier, P. et Goulet, J.-P. 1996. Un problème et un mystère : le transfert des apprentissages. Pédagogie collégiale.

[ii] Joanis, I. 2016. Les stratégies pédagogiques favorables au transfert des apprentissages. Pédagogie collégiale.