Introduction et balises
En lien avec la reproduction humaine, les écoles se sont vus attribuer un autre rôle, celui d’éduquer les élèves à la vie affective et sexuelle (Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle, EVRAS). La composante “relationnelle et affective” touche aux relations entre individus, aux sentiments et aux émotions. L’éducation à la vie sexuelle touche quant à elle à la sexualité et présente différentes dimensions selon Rochigneux, Berger, Courty et Jourdan, 2007[1]: biologique et médicale (avec l’étude de l’anatomie, de la physiologie, de la procréation, de la fertilité, les MST, le sida, la procréation assistée), sociale (avec l’influence culturelle, les normes et règles du groupe social, l’influence de la religion, les aspects juridiques et politiques liés), psychologique (avec la construction psychique de chaque personne, l’image de soi, le développement de la personnalité). Cela dépasse donc l’enseignement de la biologie de la reproduction humaine qui, elle, trouve légitimement sa place à l’école parmi les divers enseignements scientifiques (Lebas, 2011[2]). L’objectif mis en avant est de préparer les jeunes à leur vie d’adulte, en les amenant à se construire en tant que futurs adultes responsables et respectueux des autres (Rochigneux, Berger, Courty et Jourdan, 2007[3]). Les temps consacrés à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle sont l’occasion de partir de ses représentations, de développer l’esprit critique vis-à-vis des stéréotypes, de comprendre l’autre, etc. Plusieurs auteurs mettent d’ailleurs en avant l’idée qu’il serait préférable de se placer dans une visée préventive centrée sur l’apprenant, ses besoins, ses attentes, ses représentations plutôt que sur une approche prescriptive (Pelège, 2006[4]; Ribes, 2004[5]). En ajoutant cette éducation à l’école, la question de légitimité peut se poser. Celle-ci viendrait-elle compenser un manque d’éducation de la part des familles ? Quels enjeux se cachent derrière cet intitulé ? Quel cadre faut-il poser pour y parvenir ? Divers auteurs proposent leur contribution sur le sujet. Vous les trouverez ci-après.
La page généraliste “éducation à/aux…” permet de baliser le statut de cette mission d’éducation dédiée à l’école.
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Entrées faciles
“Evras.be” est une plateforme à destination professionnel.le.s de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle , relationnelle, désireux·.ses de s’informer, d’améliorer et d’échanger autour de leurs pratiques professionnelles.
L’ouvrage “Éducation à la sexualité : enseigner avec la littérature jeunesse” de Dubuc, de la Sablonnière, Maalouf et Lupien (2022)[6] se propose comme un guide pour les enseignant·es du primaire et préscolaire. Il met en avant le rôle que peuvent jouer les albums de jeunesse dans l’apprentissage des contenus d’éducation à la sexualité. Des précisions au niveau des contenus et pistes d’activités sont proposées pour outiller les enseignants.
Le livre “Eduquer à la sexualité, un enjeu de société” de Pelège et Picod (2006)[7] s’adresse aux professionnels de l’enseignement, de l’éducation spécialisée, de l’éducation à la santé et propose une réflexion sur la sexualité dans une perspective anthropologique (identité sexuelle et modèles familiaux et sociaux, place des représentations, développement au cours des âges, enjeux, etc).
Le mémoire de Guerra (2016) propose d’éclairer la question de l’éducation à la sexualité à l’école avec des élèves de 10-11 ans (CM2, France). Elle se penche sur les pratiques enseignantes et sur le point de vue des élèves vis-à-vis de cette éducation.
Le mémoire de Bourlioux et Campus (2013) interroge les questions des élèves concernant l’éducation à la sexualité abordée en primaire (CM2, France). Il propose une analyse d’albums de jeunesse et de manuels scolaires que les enseignants peuvent mobiliser dans leur classe pour développer la dimension affective. Il dégage le rôle et l’intérêt de tels ouvrages.
Le mémoire de Baierlé (2021) vise à mieux comprendre les pratiques de certains enseignants qui donnent une place à l’orientation affective et sexuelle dès l’école primaire (Suisse). L’auteure essaie d’amener des réponses aux questions relatives aux raisons qui poussent ces enseignants à faire ce choix et aux conséquences possibles.
Articles scientifiques
L’article de Poutrain (2014) retrace l’évolution de l’éducation à la sexualité à l’école en incluant les dimensions politique et polémique. L’analyse proposée est nourrie par des extraits d’archives de presse qui permettent d’illustrer les points de vue et les enjeux au cours du temps.
Au départ de son expérience en tant que conseillère conjugale et familiale menant des séances dans les établissements scolaires, Lebas (2011) propose un éclairage à propos de l’éducation à la vie affective et sexuelle. Celui-ci interroge la raison d’être de ces séances, le cadre nécessaire à poser, le temps et l’écoute nécessaire ainsi que le sens qu’elles peuvent avoir pour les jeunes. Ses propos s’appuient sur des exemples pratiques.
L’article de Rochigneux, Berger, Courty et Jourdan (2007) propose une réflexion sur les actions menées en éducation à la sexualité avec un public particulier qu’est le SEGPA (enseignement général et professionnel adapté), connu pour être hétérogène et en grande difficulté scolaire, voire personnelle. Après une introduction intéressante qui reprécise ce qu’est l’éducation à la sexualité, l’article propose les résultats d’une recherche à propos des représentations ainsi que des pratiques puis dégage des obstacles et difficultés comme leviers pour favoriser cette composante de la promotion à la santé.
L’étude de Hrairi (2017) confronte les objectifs fixés par les programmes tunisiens et par les enseignants aux attentes des élèves de 18 ans (4e, Tunisie) concernant leur éducation à la sexualité. Par les résultats dégagés, elle montre que les attentes des élèves sont très différentes. Des pistes d’adaptation sont proposées pour mieux préparer et accompagner les adolescents dans leur construction.
Pistes de réflexion pour les TFE et mémoires
S’intéresser à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle à l’école, c’est par exemple :
- questionner les principaux obstacles que les enseignants rencontrent sur le terrain ;
- questionner les outils à disposition des enseignants pour cette éducation ;
- interroger la façon dont cette discipline pourrait être intégrée de façon interdisciplinaire dans les programmes ;
- questionner le rôle des débats en classe pour aborder les questions relatives à l’EVRAS ;
- dégager les attentes des élèves en matière d’EVRAS à l’école ;
- etc.
[1] Rochigneux, J., Berger, D., Courty, P. & Jourdan, D. (2007). Éducation à la sexualité en SEGPA : analyse des représentations et des pratiques des équipes pédagogiques. Carrefours de l’éducation, 24, 73-87.
[2] Lebas, I. (2011). Éducation à la vie affective et sexuelle à l’école. Dialogue, 193, 89-100.
[3] Rochigneux, J., Berger, D., Courty, P. & Jourdan, D. (2007). Éducation à la sexualité en SEGPA : analyse des représentations et des pratiques des équipes pédagogiques. Carrefours de l’éducation, 24, 73-87.
[4] Pelège, P., & Picod, C. (2006). Éduquer à la sexualité: un enjeu de société. Dunod.
[5] Ribes, G. (2004). La sexualité des personnes âgées est-elle une affaire de soignants?. La Revue francophone de gériatrie et de gérontologie, 11(109), 481-482.
[6] Dubuc, L., de la Sablonnière, C., Maalouf, O., & Lupien, A. (2022). Éducation à la sexualité: Enseigner avec la littérature jeunesse: Guide complet pour les enseignants et les enseignantes du primaire. Editions JFD.
[7] Pelège, P., & Picod, C. (2006). Eduquer à la sexualité: un enjeu de société. Dunod.