Introduction et balises
Les systèmes du corps humain sont des incontournables de la biologie à l’école. Il en résulte que leur enseignement demande une vigilance didactique particulière.
Généralement, les systèmes du corps humain sont enseignés via une description des organes. Il s’agit alors d’être plus ou moins exhaustif sur la présentation des organes et tissus d’un système, leur position, leur forme, leur volume, etc., parfois en précisant le fonctionnement, mais souvent en négligeant le sens de ce fonctionnement, c’est-à-dire la fonction. D’autre part, c’est généralement l’événement de la fécondation qui est l’objet des explications, laissant de côté la nutrition du fœtus, pourtant nécessaire. Dans ce cadre, penser la nutrition du fœtus est une tentative particulièrement intéressante de relier différents systèmes, en lien avec ceux de la mère. Ce lien se doit d’être fonctionnel. L’occasion est donnée de modéliser et ainsi développer une activité scientifique intéressante en classe, tout en assurant un apprentissage des sciences orienté vers la production d’explications.
Plus largement, l’attention peut être portée sur la transmission des caractères et plus largement sur la modélisation de la fécondation afin de percevoir la nécessité des deux principes géniteurs, c’est-à-dire les gamètes mâles et femelles, afin de dépasser les conceptions animalculiste (le père fournit seul le principe géniteur) et oviste (la mère fournit seule le principe géniteur), donc également la conception préformiste (l’enfant sera déjà préformé dans le principe géniteur). Si besoin, la classe peut se centrer dans un premier temps sur la reproduction animale, entendue ici comme étant celle des autres animaux que l’humain.
La page « Nutrition humaine (primaire) » précise certains aspects et recense quelques publications à propos de la nutrition du fœtus. La page « modélisation » peut constituer un complément.
En lien avec la reproduction humaine, les écoles se sont vues attribuer un autre rôle, celui d’éduquer les élèves à la vie affective et sexuelle (l’EVRAS : Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle). Nous avons dédié une page sur ce sujet.
Entrées faciles
Sur le thème du développement animal et de la classification des espèces, Bruguière et Triquet (2014)[1] proposent, dans la première partie de leur ouvrage, une réflexion sur l’utilisation d’albums de fiction pour problématiser en biologie à l’école élémentaire (primaire). Des situations de classe sont analysées et des éclairages scientifiques mais également didactiques (notamment sur la problématisation) sont présentés à partir de deux albums : “Un poisson est un poisson” de Léo Lionni (1981) et “La promesse” de Jeanne Willis et Tony Ross (2003).
Le consortium 4 du Pacte a réalisé un guide raisonné (Dahmouche, Daro et Orange, 2021) sur les liens entre les systèmes du corps humain. Après avoir présenté brièvement l’enjeu autour d’un travail conjoint des différents systèmes du corps humain, un exemple est présenté au sujet de la nutrition du fœtus (fin de primaire) tiré d’un ouvrage de Jaubert (2007) “Langage et construction de connaissances à l’école” (accès ouvert en ligne). Le rôle de l’enseignant est également précisé.
Écrits scientifiques
À propos de la reproduction humaine (général)
L’article de Gouanelle et Schneeberger (1996) s’intéresse à la place des images (photographies, films, etc.) employées en sciences dans le cadre d’une séquence d’apprentissage sur la reproduction humaine. Il questionne aussi l’efficacité des tâches visant à amener les élèves à élaborer des schémas pour mieux comprendre les phénomènes. Cette recherche a été menée dans une classe d’élèves de 9-10 ans (CM1, France) et met notamment en évidence les conceptions des élèves sur le sujet.
L’article de Beorchia et Lhoste (2007) ou le rapport dirigé par Lhoste (2008) présente des réflexions intéressantes sur les visées d’apprentissage et les visées entre le début et la fin du primaire, voire le secondaire. Ces publications montrent que dès le début du primaire, les élèves ont des conceptions de la procréation et de la transmission des caractères et qu’ils peuvent discuter des principes géniteurs à l’origine de cette transmission.
L’article de Dell’Angelo-Sauvage et Coquidé (2006) porte sur la reproduction des autres animaux, vue en fin de primaire et parmi d’autres fonctions (notamment la nutrition), au service d’une connaissance des élèves de leur propre corps.
L’étude de Caron et Ahlgrim (2012) porte sur les conceptions des enfants de 6 ans de la reproduction et de la naissance. Ces conceptions sont comparées entre différents pays ; des disparités sont constatées et expliquées.
L’étude de Goldman et Goldman (1982) (en langue anglaise) est un peu ancienne mais elle montre une méthode intéressante pour approcher les conceptions des élèves à différents âges (5 à 15 ans). En particulier, le rôle de la mère dans la reproduction semble évoluer, les enfants lui prêtant au fil du temps un rôle de plus en plus “passif” dans la reproduction.
À propos du développement de l’embryon et du fœtus
Sauvageot-Skibine (1993) propose de s’intéresser aux conceptions des élèves de 6e qui font obstacle à la construction des concepts de milieu intérieur et de surface d’échanges. L’auteure met en évidence la persistance de la représentation “communication par tuyaux” notamment dans les échanges fœtus/mère et propose la piste d’une situation-problème pour franchir cet obstacle.
Dans le chapitre 5 de son ouvrage “Langage et construction de connaissances à l’école” (accès ouvert en ligne), Jaubert (2007) s’intéresse au rôle du langage dans une séquence d’apprentissage portant sur le développement du fœtus à l’intérieur du ventre de la mère et particulièrement aux échanges placentaires qui ont lieu. Par l’analyse des productions d’élèves (fin de primaire) à divers moments de l’apprentissage, l’auteure montre que, par le travail du langage, les élèves entrent dans une communauté scientifique scolaire en construction.
Dans l’article de Jaubert et Rebière (2000), les autrices s’intéressent à la place et au rôle des activités langagières dans la construction des savoirs dans une séquence à propos de la nutrition du fœtus chez l’humain visant notamment à développer la notion d’échange entre deux milieux, le rôle du sang, la nature des échanges, le fonctionnement et le lieu des échanges entre la mère et le fœtus.
Sur le sujet de la nutrition du fœtus à l’école primaire, Jaubert et Rebière (2001) se sont intéressées aux écrits susceptibles de favoriser les apprentissages conceptuels. Elles discutent des pratiques langagières efficaces dans la construction du savoir et du rôle de l’enseignant dans les reformulations des élèves.
Pistes de réflexion pour les TFE et mémoires
Explorer la question des apprentissages sur la reproduction des humains, c’est par exemple :
- S’intéresser aux conceptions des élèves à différents âges relatives à la procréation, à la transmission des caractères et au conditions pour le développement du fœtus, et au rôle du langage pour les faire évoluer ;
- En déduire les visées d’apprentissage à chaque niveau, selon une approche spiralaire.
- S’intéresser aux relations avec l’EVRAS (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle).
- Etc.
[1] Bruguière, C. et Triquet, E. (Dir.). (2014). Sciences et albums. Cycles 2-3. Canopé Editions.